Plaisir de vivre

Une petite habitude qui peut avoir de grands effets: chaque soir avant de s'endormir, il suffit d'énumérer les deux ou trois choses qui nous ont fait le plus plaisir aujourdhui. Je ne parle pas ici de grandes déclarations d'amour, promotions ou autres remboursements d'impôts, puisque ce genre d'évènements-là, si on en a deux dans l'année on peut s'estimer très... heureux :-) Donc pour remplir ma liste de plaisirs, je suis obligée de me rabattre sur des choses plus insignifiantes, qui peuvent aller de 'il m'a adressé un sourire' à 'j'ai réussi à remettre l'imprimante en route en trois minutes chrono' ou 'j'ai pu écouter cette chanson en entier'. Penser à ces quelques petites joies de la journée, c'est terminer la journée sur une note positive. Cela aide non seulement à mieux s'endormir, mais aussi à adopter une attitude plus positive le lendemain puisqu'on ne retient pas que le mauvais. Bref, se forcer à trouver des petits moments positifs change notre état d'esprit. Je ne dis pas que ça rend plus heureux, mais en tout cas ça rend plus content ! Aujourd'hui par exemple, je peux placer ma journée dans la catégorie 'catastrophe niveau orange': dû au froid, la batterie de la voiture a lâché, donc il a fallu chambouler tout notre emploi du temps et embêter des amis pour nous aider à résoudre ce problème. Il a fallu le remplacer, ce qui n'était pas prévu au budget. Ensuite, mon homme s'est entaillé le doigt, ça saignait grave et bien sûr, pas l'ombre d'un sparadrap à la maison. Le fer à repasser nous a gentiment fait défaut pour une histoire de cassette calcaire, et on n'a toujours pas d'eau chaude dans la cuisine malgré la venue d'un plombier-chauffagiste. Mais, malgré ces petites catastrophes et même si je dois chercher un peu pour trouver ces trois moments-plaisir, il y a eu une chose qui m'a fait sourire toute la journée: une amie m'a demandé d'être la marraine de sa fille. Même si je ne suis pas encore sûre de vouloir endosser cette responsabilité, le fait qu'elle me l'a demandé montre qu'elle m'en juge capable, ce que je trouve un grand compliment. Pour ce qui est du deuxième point sur ma liste: je suis contente d'avoir pu réduire le tas de repassage à un quart de ce que c'était. Et finalement, j'ai réussi à faire une balade en plein air - ok, j'y étais obligée car la voiture n'était pas encore réparée et il fallait quand même manger à midi, mais j'ai fait un petit détour pour passer à travers les champs. Bref, bien qu'aujourd'hui il y a eu une série d'évènements plus ou moins embêtants, je retiens aussi les choses positives, histoire de contrebalancer le négatif. Cela m'empêche de broyer du noir et de parler de 'journée catastrophe'. Lorsque je dois faire face à une 'série noire', une période pendant laquelle tout semble aller de travers, ou lorsque je déprime un peu, je note ces trois points positifs dans un cahier et je les relis chaque soir avant de rajouter les trois nouveaux points. Même si cele ne marche pas à tous les coups, souvent cela me met de meilleure humeur et ça casse cette idée de 'période noire'. Et si jamais j'ai quatre ou cinq candidats de moments-plaisir, voire plus, je les liste tous, sans exception. En général, arrivée au sixième point de ma liste, je m'aperçois qu'un sourire bête s'est plaqué sur mon visage... Pas besoin d'être chiche en moments-plaisirs ! Sauf bien sûr si aujourd'hui était votre jour de mariage, que tout s'est magnifiquement bien déroulé et qu'il est 6h du mat': il est alors probable que vous vous dispenserez d'énumérer tous les moments-plaisir pour profiter enfin de votre lit et/ou époux/se.

Aujourd'hui il faisait très froid et grand soleil, alors qu'il a neigé plus tôt dans la semaine. Les arbres, les champs et les toiles d'araignées, tout était recouvert d'une couche de blanc immaculée. J'en ai profité pour faire cette photo: techniquement, même moi je sais qu'elle ne vaut pas grand-chose pour ce qui est de la composition, la luminosité etc. Mais la photo représente l'arbre que nous avons récemment planté dans notre jardin, et les cristaux de glace scintillaient au soleil. En attendant que l'arbre prenne racine, nous avons déjà pu profiter de cette belle image.

Tout irait mieux si j'avais (cochez la réponse qui s'applique): a. un cul moins gras b. un plus gros salaire c. l'humeur moins gris d. ce vase en grès qui irait parfaitement sur mon buffet. Cette question un peu caricaturale illustre bien que l'on a souvent l'habitude de s'imposer des conditions pour être heureux. Si à chaque fois on se dit qu'on sera heureux après avoir atteint tel objectif ou réalisé tel rêve, on ne se donne pas l'occasion d'être heureux quand ça nous tombe dessus. Moi aussi, comme beaucoup de femmes j'aimerais peser un peu moins et avoir un ventre un peu plus plat. Mais si je me dis que je serai épanouïe uniquement après avoir perdu du poids, que je ne pourrai être heureuse que quand je rentrerai dans un taille 40 (comme quoi je ne suis pas exigeante !), alors je m'empêche de voir, entendre, sentir des choses qui pourraient me rendre heureuse dès le moment où ils me tombent dessus. Comme ce compliment d'un collègue ou les mains de mon homme sur ma taille: si je vis dans la perspective d'un bonheur à venir, si j'applique tous mes efforts à atteindre cet objectif, je serai tellement focalisée sur ce but que je ne serai pas ouverte à ces manifestations positives à mon égard. Toutes celles qui ont fait régime savent comment un simple macaron au pistache peut être le centre de toutes nos préoccupations ! Il y a des gens qui se disent qu'ils auront atteint le bonheur lorsque la maison est payée, la voiture est une Audi TT et la piscine entourée de quatre enfants (ou de trois superbes blondes...). Je conçois qu'on puisse être heu-reux quand on vit son rêve, mais en quoi est-ce que cela devrait m'empêcher d'être heureux aujourd'hui, alors qu'on loue encore un petit appartement et qu'on se déplace en métro ? Je ne dis pas qu'il faut laisser tomber ses objectifs et ses rêves, au contraire. Il faut juste éviter de se laisser obnubiler par son rêve: c'est aujourd'hui que je vis et que j'ai envie d'être heureuse - même si je n'ai pas encore réalisé mon rêve. Pourquoi attendre d'avoir mon Audi TT pour être heureuse alors que ce matin, en passant au-dessus de la Seine en métro, la vue qui m'était offerte était splendide ? Pourquoi m'imposerais-je d'avoir un corps de rêve afin de me sentir belle, alors qu'aujourd'hui je peux me sentir désirable grâce au compliment de mon collègue ? Le bonheur se goûte mieux sans conditions, alors cessons de nous obnubiler avec un hypothétique bonheur à venir sous conditions, et restons ouverts pour les petits bonheurs du jour.